Adieu à Robert Vanloo
Notre ami Serge Caillet a écrit un bien beau billet sur la disparition de Robert Vanloo. Nous vous le livrons. Nous sommes heureux d’avoir pu rééditer Les Rose +Croix du Nouveau Monde, ce qui nous a permis de croiser la route de cet homme doux et généreux. Adieu Robert.
Mon ami Robert Vanloo s’en est allé, le 26 mars dernier, à 18 h 30, à son domicile, à Rixensart, en Belgique, emporté, comme on dit, par une longue maladie. Il a été inhumé dans l’intimité et son corps repose désormais au cimetière de Genval. Une mort discrète, à l’image de sa vie.
Nos premiers échanges épistolaires avaient commencé voilà une trentaine d’années, alors que Robert préparait un livre, qui devait faire date, sur les Rose-Croix du Nouveau Monde, que j’eus l’honneur de préfacer, à sa sortie, en 1996. Depuis, notre complicité n’a pas cessé, dans la recherche comme dans l’adversité dont nous faisions parfois l’objet. Robert Vanloo fut beaucoup attaqué par des manœuvres et des manœuvriers qui ne méritent que mépris. Il en souffrit, il se défendit, puis il finit par perdre le goût de se défendre au point de renoncer pendant longtemps à publier une nouvelle édition de son livre, qu’il avait pourtant préparée. Je finis par le convaincre, nous trouvâmes un éditeur courageux et je fus heureux d’en préfacer la nouvelle édition, revue, corrigée et augmentée, publiée en 2018 aux Éditions de la Tarente.
Je fus heureux aussi de l’aider à publier l’Utopie Rose-Croix, du XVIIe siècle à nos jours, paru chez Dervy, en 2001, tandis que le même éditeur lui permit d’offrir aux amateurs, en 2003, un remarquable catalogue des Bijoux Rose +Croix, 1760-1890, co-signé avec Philippe Klein et récompensé par le prix littéraire de la maçonnerie française.
S’agissant du rosicrucianisme et du néo-rosicrucianisme, les travaux originaux de Robert Vanloo méritent respect et attention. « Sur les origines de la R+C et sur les mouvements rosicruciens modernes, votre érudition ne peut que susciter l’admiration et il faut prendre au sérieux vos analyses, conduites avec méthode ». Quel historien ne souscrirait pas à ces lignes que Robert Amadou écrivait à Robert Vanloo, en décembre 1999 ?
Mais Robert n’était pas seulement un chercheur, c’était aussi un cherchant. Il y a moins de deux ans, il avait tenu à me raconter son parcours que je me dois de résumer ici en quelques lignes. Né à Lille, en 1947, depuis sa lecture du Matin des magiciens et son intérêt pour Planète, dans les années 1965, son adhésion à l’AMORC, en 1969, le conduira à faire la connaissance de rosicruciens anglais, à l’occasion d’un long séjour en Grande-Bretagne, comme french assistant teacher, en 1970-1971. Puis, sa rencontre avec Raymond Bernard, en 1972, le conduira ensuite à assumer la responsabilité de grand conseiller de l’AMORC pour la Belgique. Bien des années plus tard, Robert trouva enfin sa maison dans des lignées hermétistes belges plus discrètes et surtout plus conformes aux aspirations d’une quête rosicrucienne guidée par une honnêteté intellectuelle et une rigueur spirituelle permanentes. Il ne dédaigna pas non plus l’héritage immense, si cher à notre cœur, du Message retrouvé de Louis Cattiaux.
Robert savait que la vie est à étages. Ses travaux, son souvenir, notre amitié demeurent, ici et maintenant, tandis que son âme s’est envolée pour d’autres cieux. J’ouvre le Message retrouvé et y lis ceci : « Qui serait assez ignorant cependant pour mépriser les marches qui nous font accéder au tabernacle du Seigneur de vie ? » (MR, XV, 21.) Ces marches, Robert a désormais commencé à les gravir, dans la lumière sans déclin.
Serge Caillet
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